


Lorsque ma mère m'a dit qu'elle arrivait en début de semaine, à aucun moment je n'ai réalisé que c'était l'après-midi même. Quand j'ai entendu les clés dans la serrure, Louis et moi étions en train de nous bécoter sur le canapé, complètement nu.
« Putain c'est ma mère ! », j'ai lâché.
Sans même m'attendre, Louis s'est levé en courant pour disparaître dans ma chambre. J'ai entendu la porte claquer et ma mère est entrée avec un large sourire, suivie de près par Rick. Comme le canapé était dos à la porte ils ne réalisaient pas vraiment ce qu'il se passait mais lorsque ma mère s'est trop approchée, je lui ai fait signe de s'arrêter.
« Mais maman !
– Oh mon Dieu tu es nu !, elle devine en fermant les yeux.
– Tu m'as dit que t'arrivais en début de semaine, genre lundi ou mardi. On est samedi midi.
– Surprise... !, elle dit d'une petite voix, les yeux toujours fermés.
– Tu t'ennuies à ce point-là ?, plaisante Rick.
– Mais Rick !, je râle. Arrête !
– Non mais personne ne va te juger, il poursuit en riant. Nous approuvons toute type de relaxation... on pensait plus au yoga mais tu—
– Richard !, s'exclame ma mère.
– Mais c'est pas ça, c'est qu'il y a mon copain... bon sang. C'est trop gênant. J'ai 18 ans, il y a des surprises que tu ne peux plus faire ! Puis vous allez vous retourner oui ou merde ? Je suis à poil et je tiens une conversation avec mes parents, c'est franchement malaisant.
– Ce mot n'existe pas !, corrige ma mère, les yeux toujours fermés.
– Embarrassant. », je reprends.
Rick se met à rire puis se tourne vers la porte.
« On va chercher les valises. », il prévient.
Il guide ma mère jusqu'à la sortie et je ramasse toutes nos affaires avant de filer dans la chambre. Louis est rhabillé et je suis certain que s'il savait comment ouvrir la porte, il serait déjà dehors.
« Tu m'as abandonné !, je ronchonne en me rhabillant aussi.
– Désolé mais je ne rêvais pas d'un premier contact de ce genre avec ta mère. Toi tu l'as déjà eu alors...
– Hein ? Mais qu'est-ce que tu racontes ?
– T'es né tout nu, j'te signale. Ton premier contact, t'étais à poil.
– J'étais un bébé.
– Oh parce que ce que tu as entre les jambes a grandi depuis ? », il demande en pinçant ses lèvres pour ne pas éclater de rire.
Je le bouscule en riant et on se chamaille jusqu'à ce que nos lèvres se trouvent. Mon corps est en ébullition d'avoir été interrompu et les baisers de Louis ne m'aident pas à reprendre mes esprits. Je laisse mes mains se balader sur son corps et lorsque je touche un point sensible, il retient un gémissement contre mes lèvres alors qu'il entoure automatiquement ses jambes autour de ma taille. Il m'embrasse, s'accroche à mon dos et sans prévenir, il me repousse.
« J'peux pas rencontrer tes parents comme ça !, il dit complètement paniqué. Arrête. »
Mais je ne l'écoute pas. J'embrasse son cou, mes mains passe sous son t-shirt. Il râle toutes les deux secondes mais il ne me repousse pas et ses jambes autour de moi n'ont pas bougé non plus.
« Harry..., il murmure.
– Tu protestes ou tu me supplies de continuer ?, je demande en souriant.
– Chut. »
Lorsque j'entends mon portable vibrer sur la table de chevet, je souris. Je m'en saisis et lis à haute voix le message (pas très surprenant) de ma mère.
« Le frigo est vide, on va faire quelques courses et déjeuner à l'extérieur. À tout à l'heure. »
Je lui souris effrontément et pour toute réponse, il m'aide à le débarrasser de son t-shirt.
« Maman, Rick... je vous présente—
– Louis !, s'exclame ma mère complètement chamboulée. C'est dingue ce que tu as grandi... »
Elle s'approche pour le serrer dans ses bras.
« Comment tu vas ? Et ton père et ta s½ur ? Ils sont là ?
– Ils sont en vacances pour l'été. Papa ferme toujours la boutique et...
– Il ne veut toujours pas que tu y travailles seul, hein ? »
Louis secoue la tête.
« Il a raison. Tu as besoin de vacances. »
Elle le serre à nouveau dans ses bras.
« Je suis vraiment ravie de te revoir ! C'est dingue, elle dit à Rick, la dernière fois que je l'ai vu c'est quand je suis venu en mars. Il y a plus deux ans.
– Maman, t'as décidé de pourrir ma journée ou quoi ?, je demande alors que Rick éclate de rire.
– Pardon mon c½ur. Vas y. Exprime-toi. »
Du coup, j'attrape la main de Louis pour lier nos doigts et elle s'extasie encore une fois comme si elle se trouvait devant John Travolta.
« Depuis combien de temps est-ce que ça dure entre vous ?, elle demande. Harry ne me présente jamais personne !
– Tu comprends pourquoi maintenant, je râle avec un air blasé.
– N'importe quoi. Je sais que c'est parce que ce n'est jamais sérieux. »
Il y a un silence et un large sourire illumine le visage de Louis.
« Peut-être trois semaines, je réponds simplement.
– Vous avez déjeuné ?, elle demander. Je peux cuisiner !
– On a déjeuné, maman. Canalise-toi un peu, je dis en riant. J'aimerais discuter avec vous. Sérieusement. »
Ma mère se calme parce qu'elle comprend immédiatement que je veux parler de l'armée.
« Je vais faire un thé, annonce Rick. Tout le monde en prend ?
– Du thé ?, s'étonne Louis.
– Trop anglais pour lui, je dis en riant.
– Un café ?
– Trop adulte.
– Hey !, rétorque Louis en me bousculant, rouge de honte.
– Un chocolat chaud ?, enchaine Rick.
– Juste un verre de jus d'orange. », je dis en me mordant la langue pour ne pas ajouter que c'est parce qu'il n'aime pas le lait.
Rick disparaît dans la cuisine et nous, on va s'installer dans le salon. Ma mère est dans un fauteuil face à nous, les mains à plat posées sur ses genoux, droit comme un I.
« Tu es sûr que tu veux que je reste ?, chuchote Louis.
– Bien sûr.
– Oui mais c'est important, c'est—
– Ça va. », je le coupe.
On attend dans un lourd silence que Rick nous rejoigne et mon c½ur bat la chamade. Parce que peut-être que je repousse, mais je ne veux pas rentrer à Sacramento non plus.
« J'ai décidé de repousser mon départ. », j'annonce.
Ma mère retient son souffle, comme si elle était soulagée mais pas assez. Comme si elle avait espéré une réponse dans le genre, mais pas tout à fait celle-ci et qu'elle n'était pas entièrement déçue.
« De un an, je précise. Je ne partirais pas avant l'été prochain. »
Elle échange un regard complice avec Rick et je regarde Louis, perplexe. Elle a l'air vraiment soulagé.
« Voilà, je ne pars pas mais j'aimerais mieux vivre ici cette année. Pour rester près de Louis le temps qu'il termine le lycée. Je vais trouver un travail, hein. C'est promis. Y a bien un garage qui voudra de moi mais j'ai—
– Je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée, me coupe ma mère.
– Si c'en est une, je rétorque sans même laisser le temps à qui que ce soit de réagir.
– Harry, souffle Rick pour me calmer. Écoute ta mère. »
Je me mords l'intérieur des joues.
« Je ne pense pas que bousculer ta vie entière pour..., elle soupire. Je ne sais pas comment formuler ça. Tu as tout ce qu'il te faut à Sacramento, elle dit.
– Oui mais je n'ai pas Louis. »
Louis attrape ma main et il m'adresse un sourire tendre. Mon c½ur s'emballe et j'ai presque envie de le demander en mariage pour que ma mère comprenne que c'est pas juste une amourette de vacances qui me monte à la tête. Il est beau Louis, même quand il est mal à l'aise. Je vois dans ses yeux qu'il aurait préféré être ailleurs parce qu'il n'a pas envie de se sentir rejeté, mais je veux lui montrer que je suis de son côté peu importe ce qu'en pense mes parents. Il est mon point d'encrage.
« Papa disait que lorsque vous vous êtes trouvés, vous ne vous êtes plus jamais quitté. Et vous étiez plus jeunes que moi.
– Ton père pensait qu'on allait mourir, elle dit très sérieusement.
– Et alors ? C'est ça qui faisait que votre relation n'était jamais ennuyeuse. Parce que vous viviez autrement. C'était un moteur.
– La paranoïa ?, elle reprend. Harry ne pense jamais que c'est quelque chose de bon, c'est clair ? Ton père était dérangé. »
Je sais qu'elle dit ça parce que Rick est installé à côté d'elle. Mais c'est si blessant que ça me retourne les trippes.
« Si je n'ai pas la permission de vivre dans cette maison, je trouverais un travail et un appartement. Je n'ai pas peur d'être à la rue. Je ne te demandais pas la permission, je t'informais de mes intentions, je réponds froidement. Papa aurait approuvé. Il savait faire la différence entre l'amour et la paranoïa. »
Un lourd silence s'installe et contre toute attente, c'est Louis qui prend la parole.
« C'est vrai qu'on est jeune mais Harry est très sérieux. Il n'a pas l'intention d'être un frein pour moi ou pour lui. Il m'encourage à faire au mieux pour que j'entre dans l'université que j'ai choisie. Il me fait voir la vie sous un autre angle. Tout comme j'essaie de lui faire comprendre que nous ne sommes pas en danger. Il sort sans chaussure parfois. », il ajoute comme si c'était un exemple concret.
Rick pouffe de rire mais lorsqu'il voit le sérieux de ma mère, il comprend qu'il aurait dû s'abstenir. L'espace d'un instant son regard se perd dans le vague et je pense qu'il cherche une seule et unique fois où ma mère est sortie sans chaussures ou en chaussons – et il n'en trouve pas. Ma mère, peu importe ce qu'elle prétend, vit comme si elle était en danger. Parce que c'est instinctif. Si je fouille dans son sac à main, je trouverais un sifflet, un bracelet de survie qu'elle aura certainement transformé en porte clé, il stylo, un bloc note, assez de liquide pour deux repas, deux portables dont un prépayé. Un couteau suisse. Rick connaît ma mère mais c'est en surface, parce qu'elle se ment à elle-même. Elle est persuadée qu'elle a changé mais lorsqu'elle traverse un parking seule la nuit, elle est certainement la seule femme qui n'a pas peur parce qu'elle sait qu'elle est capable de tuer son agresseur. Sans le savoir et en pensant la rassurer, Louis vient de l'effrayer. Je sais qu'elle meurt d'envie de m'engueuler, qu'elle se retient de me sermonner. Elle a peur, peur que je baisse ma garde, peur que j'agisse vraiment comme elle prétend qu'il faudrait que j'agisse. Ma mère est une survivaliste. Peu importe à quel point elle renie cette partie d'elle, son cerveau est parasité par le « et si » qu'on nous force à envisager lorsqu'on entre dans cette communauté.
« Anne ?, s'inquiète Rick. Tout va bien ?
– Il faut que je parle à mon fils. », elle répond sans maîtriser la colère froide qu'on entend dans sa voix.
Jamais elle ne dit mon fils, jamais elle n'évince Rick de cette manière, alors il comprend que c'est sérieux. Louis embrasse mes lèvres et se lève.
« Je rentre faire une lessive et prendre des vêtements de rechange, il annonce. A tout à l'heure.
– Ok. », je dis en lui adressant un sourire bienveillant.
Rick sort dans le jardin et ma mère me décolle la gifle du siècle lorsqu'il n'y a plus aucun témoin.
« Plus jamais tu ne me mets dans cette position, Harry. Jamais, t'entends ? »
Ma main plaquée sur ma joue endolorie, je hoche la tête. L'espace d'une seconde, j'ai l'impression d'avoir 11 ans. Lorsque Kelly et moi avons dit à nos pères que nos mères ne voulaient pas qu'on fasse cette foutue chasse. Je revois leur colère quand elles sont rentrées parce qu'elles avaient eu l'air d'imbécile auprès des autres femmes de la communauté, comme si leur inquiétude était une faiblesse qu'elles ne pouvaient pas se permettre d'avoir.
« Je suis désolé. »
Elle soupire, elle réalise. Elle s'approche pour me prendre dans ses bras mais je la repousse.
« Non. Tu viens de me gifler, je lui rappelle.
– Rick est très loin de tout ça, il—
– Mais tu as envie que je sois loin de ça, moi aussi.
– Arrête, Harry. »
Je croise mes bras et ma mère retourne s'asseoir dans son fauteuil, face à moi.
« Il y a des règles, elle me rappelle.
– Mais je pensais que tu ne voulais plus entendre parler de tout ça, je réponds avec un sourire insolant.
– Je t'ai demandé d'arrêter. »
Mon sourire se gomme et je me redresse correctement.
« Tu as parlé de tout ça à Louis ?
– Oui.
– Et il ne t'a pas pris pour un dingue ?
– Bah non pourquoi ? Il s'en fiche. Y a des trucs qu'il trouve bizarre mais je sais pas, ça a eu l'air de l'intéresser. C'est pas une amourette maman, je t'assure. Même si c'est tout frais, je sens que c'est pas juste pour les vacances.
– Alors tu veux rester ici ?
– Oui. Mais je rentrerais certain week-end, tu as ma parole. Lui aussi il a une vie de famille. On s'est fâchés avec beaucoup de ses amis en se mettant tous les deux et je n'ai pas envie de le laisser affronter ça tout seul cette année. Je ne veux pas qu'il se sente isolé comme j'ai pu l'être.
– Harry...
– Tu sais que je resterais là quoi qu'il arrive, je reprends. Mais je veux quand même ton approbation. C'est important pour moi.
– Et si tu t'es trompé ?
– Je partirais plus tôt, c'est tout. »
Son visage s'assombrit quelque peu.
« Louis est mon seul espoir pour te clouer ici alors ? »
Je pouffe de rire et elle se détend. Je crois qu'elle espère que dans un an, je ne serais plus capable de partir – et je crois que j'espère qu'elle se trompe.
« Maman. »
Elle soupire.
« Très bien, elle capitule. Tu as jusque fin septembre pour trouver un travail, sinon tu rentres.
– Sérieusement ?
– Oui.
– PUTAIN ! Alors ça c'est cool ! », je m'exclame en me levant pour la serrer dans mes bras.
Elle m'a rendu mon étreinte et je me suis senti en sécurité.
« Il faut que j'aille dire ça à Louis !
– Il vient de partir et vous êtes certainement collés depuis des jours. Moi je viens à peine d'arriver. »
J'ai levé les yeux au ciel.
« Ok. Alors viens voir ce que j'ai construit. », je dis en l'entrainant à l'extérieur.
Elle aussi elle voulait que mon père fasse cette fichue clôture. Je crois qu'elle va être soulagée de voir qu'on est enfin chez nous et protégé du reste du monde. Parce que peu importe la force avec laquelle elle repousse son passé, sa vision de la vie est déformée autant que la mienne. On vit dans l'attente d'un danger imminent qui n'arrivera certainement jamais.
#RAMfic Oups là, désolé du retard ahah xD J'espère que ce chapitre vous a plu ❤
resteavecmoific, Posté le dimanche 30 octobre 2016 14:20
RunningUp a écrit : " "
J'ai rigolé xD